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Montségur et l’énigme cathare

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Montségur et l’énigme cathare
Jean Markale

Quatrième de couverture

Montségur, « ce nid d’aigle vers lequel convergent tous les nuages du monde », reste l’un de ces lieux privilégiés où souffle encore l’esprit, où planera toujours le mystère du Saint Graal, où viendront inconsciemment s’arrimer rêves et illusions des générations successives, en dépit des flammes du bûcher allumé naguère par les Inquisiteurs pour réduire à jamais la résistance cathare.Qui étaient les Cathares ? D’où venaient-ils ? Pourquoi s’étaient-ils rassemblés dans le Razès mystérieux, non loin de Rennes-le-Château et de Quéribus, au coeur d’une étrange région entourée de vallées profondes, de sommets brûlés par le soleil ? Quel trésor cherchèrent-ils à sauver ? Quels furent leur véritable doctrine, leurs rapports avec l’Occitanie médiévale, avec les Templiers ? Pourquoi furent-ils si cruellement pourchassés ?Jean Markale s’attache à répondre objectivement à ces questions, en démêlant le vrai du faux. Au terme d’une enquête menée sur place avec passion, s’appuyant sur une documentation rigoureuse et étendue, une connaissance approfondie de l’Histoire et de la tradition, il ouvre des voies nouvelles, suggère des pistes oubliées, formule des hypothèses exaltantes au-delà desquelles s’esquisse en filigrane le scintillement d’une lumière recherchée par l’homme depuis l’aube des temps…

Mon commentaire

Alors que j’avais de Jean Markale une idée très différente, j’ai eu la surprise de trouver dans ce livre une analyse qui ne verse pas dans les travers habituels et qui dénonce l’ésotérisme qui s’est emparé du catharisme tout comme il démonte les mythes autour de du Graal pyrénéen et notamment d’Antonin Gadal.

Pour autant ses thèses datent et ne prennent pas encore en compte le travail de Jean Duvernoy publié quelques années plus tôt. Le lien avec le manichéisme est encore la référence pour l’auteur dont je pense qu’il aurait revu sa copie s’il en avait eu le temps. À ne lire que si on maîtrise bien le sujet pour ne pas se laisser embarquer dans des hypothèses qui ont été reconnues depuis comme de fausses pistes.

L’Éthique – Baruch de Spinoza

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L’Éthique

Baruch de Spinoza

Quatrième de couverture

« Tout philosophe a deux philosophies, la sienne et celle de Spinoza », a écrit Henri Bergson, L’Éthique est l’œuvre fondamentale de Spinoza (1632-1677) qu’il a achevé peu de temps avant sa mort.

Mon commentaire

Sans atteindre le lyrisme de Bergson, j’avoue que Spinoza est un philosophe méticuleux et qu’il ne laisse rien de côté dans son analyse et sa description. Reste à se faire à son vocabulaire et à ses concepts. Je trouve dans sa philosophie une forte influence d’Aristote et un judéo-christianisme bien ancré.

Commentaire issu du site Spinoza et nous (visiter le site)

1. Éthique : le but de la recherche philosophique n’est pas de rester purement théorique. Le but de la philosophie spinoziste est pratique, c’est-à-dire qu’il s’agit de transformer sa façon d’être et d’agir.

La technique est une action dont la finalité est extérieure à « l’agent », c’est-à-dire celui qui agit : il est en effet question de produire une « œuvre » qui ne se confond pas avec celui qui l’a produite. La pratique est une action dont le résultat estintérieur : il s’agit de transformer « l’agent » ou l’acteur lui-même.

On peut distinguer (depuis Kant et donc après Spinoza) à l’intérieur de la pratique 3 espèces différentes : la pragmatique, la morale, l’éthique. La pragmatique concerne les actes pratiques visant une transformation de soi qui ne vaut pas par elle-même : par exemple, dans l’instruction, celui qui apprend un savoir n’est plus le même une fois qu’il sait, il passe de l’état d’ignorant à celui de « savant », mais ce nouvel état ne vaut pas par lui-même, mais uniquement pour ce qu’il permet d’obtenir : de bonnes notes pour l’écolier, de quoi exercer un métier pour l’étudiant… Le travail lui-même, tel qu’il est conçu ordinairement, ne vaut que pour son résultat : qu’il s’agisse de la récolte ou d’un salaire, or le travail transforme le travailleur lui-même…

La morale consiste à « faire le bien », ce qui suppose qu’on a plutôt tendance à faire le mal ou à agir d’une façon qui n’est ni bonne ni mauvaise. Au moyen de l’examen de conscience ou bien de sermons adaptés, on est censé devenir meilleur, c’est-à-dire quelqu’un de différent. Contrairement à la pragmatique, la morale a sa fin en elle-même, car elle suppose le désintéressement dans sa forme la plus rigoureuse : si vous êtes honnête parce que vous espérez une récompense ou parce que vous craignez une punition, votre honnêteté est intéressée et elle n’est donc pas purement morale. Être moral, c’est être honnête pour être honnête et rien d’autre, c’est dire la vérité en toute circonstance, non pas pour ce que cela rapporte mais simplement parce qu’il faut dire la vérité. Il s’agit donc bien de poursuivre une fin (être juste, être bon) qui ne vaut que pour elle-même. Il y a en ce sens une morale spinoziste : l’homme libre n’agit pas pour les bienfaits que procure l’action bonne mais parce qu’il sait tirer satisfaction de la vertu en elle-même (E5P42). Mais ce n’est pas un moralisme au sens d’un discours fondé sur une conception abstraite et générale de l’homme qui à ce titre s’imposerait de façon extérieure aux individus.

L’éthique, telle que Spinoza la développe, vise la « vie bonne » : il ne s’agit pas seulement de « faire le bien », il s’agit aussi « d’être bien ». Ainsi, la fin que vise l’éthique est ce que Spinoza appelle la liberté et la « béatitude ». Il s’agit de passer de l’état ordinaire de servitude, d’esclavage à l’égard de nos passions à un état de liberté, il s’agit aussi de passer de l’état ordinaire d’anxiété dans lequel nous plongent nos passions à un état de joie perpétuel que serait la béatitude ou félicité. Il s’agit ici, comme en morale, de fins qui valent pour elles-mêmes : être joyeux, cela ne sert à rien, sinon à être joyeux, de même pour la liberté. Mais contrairement au moralisme, il n’y a pas de coupure entre « faire le bien » et « être bien » : la vertu désigne l’action dont on peut être sûr qu’elle est bonne (Éthique IV, déf. I : E4D1) et la béatitude n’est pas la récompense de la vertu mais l’état dans lequel vit celui qui la pratique correctement (Éthique V, proposition 42 : E5P42). Et la coupure entre théorie et pratique est elle-même annulée : c’est la connaissance du lien qui m’unit de façon intemporelle avec la nature et tout ce qui existe qui constitue la vertu suprême. Au contraire la morale peut se concevoir de façon uniquement pratique, indépendamment de toute contemplation et tend, chez Kant en particulier, à rejeter tout sentiment de joie comme opposé à la pureté morale. La connaissance éthique n’est pas qu’un savoir théorique et rationnel, c’est en même temps une intuition, c’est-à-dire ce qu’on peut appeler une expérience intimement vécue (non pas l’expérience sensible de quelque chose d’extérieur mais une pensée vécue en même temps qu’elle est pensée et inversement) : il s’agit de goûter la « vie bonne » en même temps qu’on la comprend.

On peut dès lors mieux comprendre le plan que Spinoza se fixe :

1. « De Dieu » : il s’agit d’établir les premiers principes de la connaissance, puisqu’il n’y a pas de béatitude complète dans l’ignorance. Le terme de « Dieu » n’est pas ici religieux : il ne s’agit pas de partir d’un acte de foi. Ce mot désigne l’être en deçà duquel rien ne peut être pensé. Mais « Dieu » n’a rien de mystérieux : il est un objet de pensée entièrement rationnel : il est comme l’exige la raison elle-même, la cause première de toute chose. Ses propriétés permettront de mieux comprendre le rapport entre l’homme et le reste de ce qui existe. Dans la quatrième partie de l’Éthique, Spinoza établira même une équivalence entre Dieu et la nature : ce qu’il appelle Dieu n’est autre que la nature dans son ensemble et dans son unité. Et c’est en tant qu’il constitue la substance fondamentale de toutes choses que « Dieu » est si important pour connaître adéquatement tout ce qui existe, y compris soi-même.

2. « De la nature et de l’origine de l’âme » : comme c’est dans la connaissance du lien qui m’unit avec la nature qu’est la béatitude, il est indispensable de comprendre comment la pensée individuelle qui me caractérise ou « âme » est déterminée par les premiers principes établis dans la première partie. On verra dans cette partie que d’emblée le corps est inséparable de l’âme.

3. « De l’origine et de la nature des passions » : je ne suis pas qu’un être fait d’idées plus ou moins justes, je vis ces idées, j’en suis affecté et il est donc nécessaire de comprendre comment les affects et passions s’ordonnent en moi, selon un ordre naturel et nécessaire.

4. « De l’esclavage de l’homme ou de la force des passions » : il s’agit alors de comprendre comment les passions m’amènent à un état qu’on se propose justement d’améliorer, car cet état est le plus souvent fait de tristesse ou d’anxiété. Cette quatrième partie détermine donc quels sont les sentiments bons à cultiver et quels sont au contraire ceux qu’il est préférable de transformer.

5. « De la puissance de l’entendement, ou de la liberté humaine » : il s’agit enfin de faire le point sur les moyens de parvenir à la liberté et à la béatitude, sachant que tout ce qui précède est déjà moyen de jouir d’une vie meilleure et que c’est dans le moyen ou la pratique que se situeront la joie et la liberté. Il n’y a ainsi pas d’aboutissement absolu : c’est dans le chemin lui-même que se cache le but. Cette 5° partie est donc une sorte d’explicitation finale de tout ce qui précède : il ne s’agit ainsi pas de détruire purement et simplement toute vie affective mais d’améliorer celle-ci en goûtant à la joie de se comprendre soi-même comme être à la fois corporel et mental, fait de passions et de vertus.

La gnose

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La gnose – Hans Leisegang

Présentation

Malgré la découverte de la Bibliothèque de Nag Hamadi, l’œuvre du professeur d’Iéna demeure un « classique ». Elle aura offert, dès 1924, une définition clairvoyante de la gnose et du mouvement cyclique de pensée que cette dernière comporte. La distinction de Leisegang entre la pensée scientifique rationnelle et la pensée gnostique reste toujours vraie. Alors que la pensée rationnelle ne connaît qu’un développement qui va en ligne droite des formes les plus primitives aux plus élevées, un développement à la fin duquel nous nous trouvons et qui nous conduit ; sur un plan linéaire vers un infini : de la pierre aux plantes, aux animaux et aux hommes primitifs, de là à l’homme, et, par-dessus lui, à l’« Antropos » céleste, la pensée mythique et mystique, elles, ne s’engagent plus sur un plan horizontal, mais elles adoptent la forme du cercle : on retourne en partant de Dieu, à travers le monde qui se développe en lui, à Dieu lui-même, de l’esprit, par la matière, à l’esprit, de l’innocence par le péché et la Rédemption, de nouveau à l’innocence, de la vie à la mort et de la mort à la vie. C’est ainsi que la fin coïncide toujours avec le commencement. De l’un vient  le Tout, et de Tout l’Un. C’est le cycle de l’éternel retour. L’idée est exprimée par le vieux symbole du serpent qui se mord la queue  ; c’est le fleuve qui coule en lui-même, pour reprendre une expression de Maître Eckhart. Les différents cercles qui décrivent l’évolution du monde, l’histoire de l’humanité, la Rédemption, l’âme humaine et le culte sont concentriques à un même point. Et ces cercles concentriques sont parallèles les uns aux autres : le monde est parallèle à l’humanité, l’humanité au Rédempteur et le Rédempteur à l’âme.

C’est en se retournant sur soi-même que l’on a meilleure chance de découvrir l’harmonie fondamentale du monde. Que l’évolution du monde soit considérée comme un cycle où le Tout se divise en ses parties, et où les parties ne parviennent au repos que lorsqu’elles retournent dans le Tout, que de l’un sorte le Tout et du Tout l’Un, cela est la pensée fondamentale de la vieille philosophie naturelle des Grecs, celle des Présocratiques.

Jacques-E Ménard dans Histoire des religions

Informations techniques

Première édition 1924 Leipzig. Ré-édité en 1936 – 1941 – 1951 et dernière édition en 1971 par Petite bibliothèque Payot (Paris) traduction par Jean Gouillard.

Labyrinthe

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Labyrinthe – Kate Mosse

 

Quatrième de couverture

Juillet 1209 : dans la cité de Carcassonne, Alaïs, dix-sept ans, reçoit de son père un manuscrit censé renfermer le secret du Graal. Bien qu’elle n’en comprenne ni les symboles ni les mots, elle sait que son destin est d’en assurer la protection et de préserver le secret du labyrinthe, né dans les sables de l’ancienne Egypte.
Juillet 2005 : lors de fouilles dans des grottes, aux environs de Carcassonne, Alice Tanner trébuche sur deux squelettes et découvre, gravé dans la roche, un langage ancien,qu’elle croit pouvoir déchiffrer.
Elle finit par comprendre, mais trop tard, qu’elle vient de déclencher une succession d’événements terrifiants : désormais, son destin est lié à celui que connurent les Cathares, huit siècles auparavant…

Avec ce roman, fruit d’un important travail historique, traduit dans trente-six pays, best-seller européen, Kate Mosse fait une entrée remarquée dans le monde littéraire anglo-saxon. Labyrinthe vient d’être récompensé aux British Book Awards avec le prix « Richard and Judy Best Read of the Year ».

Kate Mosse, cofondatrice et présidente honoraire du Orange prize for Fiction, se partage entre le Royaume-Uni et Carcassonne où elle possède une maison.

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Gérard Marcantonio.

Mon commentaire

Bien entendu il s’agit d’un roman et il faut le considérer comme tel. Cependant, l’ayant découvert au début de mon séjour à Carcassonne, il m’a donné envie de poursuivre mes recherches sur le catharisme et, malgré des incohérences voulues pour l’intérêt de l’intrigue, il reste très correct dans sa présentation du sujet.
Même si cela est complètement hors-sujet, j’ai trouvé l’idée de représentation du Graal — qui n’a rien à voir avec le catharisme je le rappelle — très ingénieuse.

Un film et une mini-série ont été réalisés et la version française devrait apparaître bientôt sur nos écrans.

À lire sans modération, non pas pour découvrir le catharisme, mais pour rester dans l’ambiance entre deux lectures sérieuses sur le sujet.

Informations techniques

Éditions Moss Associates ltd., 2005
Éditions Jean-Claude Lattès (traduction française), Paris (2006)

ISBN-10: 2253119008
ISBN-13: 978-2253119005

Le Dieu séparé

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Le Dieu séparé

Les origines du gnosticisme

Simone Pétrement

Quatrième de couverture
Le gnosticisme (ce réservoir de mythes et d’arguments pour tous les ésotérismes) : une religion indépendante du christianisme ? D’origine juive ? Devenu une hérésie en se mêlant au christianisme ? Et un tournant de l’histoire religieuse de l’Occident. Les documents découverts à Nag Hammadi parurent si étranges que la question fut tranchée en faveur d’une origine non chrétienne du gnosticisme. La synthèse magistrale de Simone Pétrement est l’œuvre d’une vie. Elle permet d’en mieux juger : la croix sépare Dieu du monde.

La description des mythes — le Démiurge, les Sept Anges créateurs, la Mère, le Dieu « Homme » — et l’analyse des doctrines — le salut par la connaissance, le docétisme, l’« eschatologie réalisée », le dualisme et la liberté par la grâce — permettent de reconstituer la formation et le développement du gnosticisme en ses courants, ses auteurs et ses textes. Et nous en restituent, en ses moments parfois sublimes, l’univers fascinant.

Informations techniques

Publié aux éditions du Cerf en 2011. Première édition 1984. 706 pages.
Dimensions : 235 x 145 x 35 – Poids : 1005 grammes – ISBN : 2-204-02166-0

Mon commentaire

Je suis loin d’avoir terminé ce pavé, mais S. Pétrement est suffisamment claire dans son discours pour que je puisse d’ores et déjà mettre en évidence un certain nombre de pistes de son argumentaire.
Cette amie personnelle et biographe de Simone Weil a pour but de réhabiliter la thèse selon laquelle le gnosticisme prend sa source dans le christianisme et non pas dans le judaïsme ou même en dehors de toute religion instituée.
Elle considère que le gnosticisme est absent du Nouveau Testament même si certains textes ont pu en porter le ferment.
Il va sans dire que je ne partage pas cette opinion, et pourtant je trouve son travail très intéressant car il permet de mieux comprendre comment les polémistes et les théologiens ont pu se laisser abuser par leur  vision de l’orthodoxie (qu’elle soit chrétienne, juive et même musulmane) au point de créer de toutes pièces un concept comme le gnosticisme.
Certes, ensuite, il s’est trouvé des penseurs pour rebondir sur ce classement sans fondement afin de formaliser cette nouvelle religion qui se trouve de fait sans origine et sans racine. C’est cela qui explique l’extrême difficulté des écrivains pour définir le gnosticisme car aucune définition n’est exempte de défauts et elles forcent en fait à nier  certaines évidences.
Ainsi quand S. Pétrement prétend que rien dans le Nouveau Testament n’atteste une division entre le Dieu de Jésus-Christ et celui de Moïse elle oublie volontairement plusieurs passages qui démentent son affirmation, à commencer par Jean VIII, 44.

En fait le gnosticisme fut un moyen de séparer les chrétiens de Rome qui se voulaient seuls tenants de l’orthodoxie de tous les autres chrétiens (largement majoritaires dans les premiers siècles) en rejetant ces derniers hors du christianisme. C’est l’application de l’adage « Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage. »

Le Pasteur d’Hermas

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Le Pasteur d’Hermas

lu par Philippe Henne

Quatrième de couverture

Comment devenir chrétien dans un monde païen, plein de séductions et d’attraits ? Telle devait être la question cruciale que se posaient les prêtres et les diacres à Rome lorsqu’ils rencontraient un homme intéressé par le christianisme. Le « Pasteur », rédigé au IIe siècle de notre ère par un certain Hermas, offre alors une catéchèse adaptée, car il utilise les différents styles de la prédication. Il commence par raconter plusieurs visions de l’Église et de la communauté chrétienne. Cela séduit l’imagination. Il poursuit par un enseignement moral et humain plein de bon sens. Il satisfait alors la recherche intellectuelle. Il finit par une vaste liturgie où les grands mystères sont à nouveau approfondis.

Le but est d’aider à la conversion, mais les moyens et le ton sont pleins de bienveillance et d’espoir. La joie elle-même est sans cesse recommandée, car la colère aveugle et obscurcit l’entendement. Les grandes vérités de la foi ne sont pas oubliées : la foi en un Dieu créateur plein de sollicitude, en un Fils présent dans l’œuvre d’édification de la communauté, en un Esprit présent dans le cœur de l’homme.

Le « Pasteur », le plus long des ouvrages rangés parmi les écrits des Pères apostoliques, est aussi le plus curieux. C’est un livre d’initiation qui séduit par la qualité de sa prédication et la profondeur de ses convictions, et qui garde toute son actualité.

Mon commentaire

À partir de larges extraits du texte original disponible ci-dessous, l’auteur — dominicain belge — propose une analyse intéressante même si elle est logiquement judéo-chrétienne.

Pour ma part je relève dans ce texte et dans cette exégèse deux points très importants à mes yeux. D’abord que le christianisme des tous premiers siècles brasse un grand nombre d’idées qui sont émises, reprises, développées, modifiées, relancées ou rejetées par des groupes chrétiens variés. Aussi est-il normal que ces idées se retrouvent ici ou là, mais prétendre que cela constitue un lien de filiation entre les groupes religieux serait inconsistant et malhonnête car ce qui compte ce sont les divergences irréductibles et non quelques convergences, aussi importantes soient-elles.
Ensuite, ces textes primitifs, canoniques ou non, montrent déjà les grandes lignes de clivage entre les différents groupes. Le Pasteur d’Hermas est clairement judéo-chrétien car il regroupe les éléments fondamentaux qui seront fixés au credo de Nicée-Constantinople même s’il contient des éléments qui seront abandonnés plus tard par le judéo-christianisme.

Sur la nature et sur l’étant

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Sur la nature et sur l’étant
Parménide

Introduction

Malheureusement nous disposons de presque rien de cet auteur qui semble avoir fortement impressionné son temps, ou plutôt le siècle qui suivit sa mort.
Heureusement nous avons retrouvé 150 vers d’un poème qu’il écrivit et sa lecture renforce notre déception de n’avoir rien de plus de sa main tant ce court document est riche d’éléments qui vont se révéler essentiels dans la philosophie grecque.Read more

Les catharismes

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Les catharismes
Pilar Jiménez-Sanchez

Modèles dissidents du christianisme médiéval (XIIe– XIIIe siècles)

Quatrième de couverture

Il fut une époque pas si lointaine où l’histoire du catharisme paraissait simple et claire : le catharisme était un phénomène extérieur, une importation orientale survenue, pour certains historiens au début du XIe siècle, pour d’autres au milieu du XIIe siècle, caractérisé par une doctrine dualiste jusque-là inconnue dans le monde latin. Cette étude propose de revenir sur ces présumées origines historico-doctrinales et sur la nature de ce mouvement dissident. Tout d’abord, en cessant de privilégier les constructions et préjugés historiques et doctrinaux élaborés et distillés depuis les théologiens catholiques de l’époque médiévale, leurs principaux détracteurs, puis transmis au travers d’une longue tradition historiographique dont les études récentes se font encore l’écho. Ensuite, à partir d’une lecture attentive de l’ensemble de documents, remontant aux débats du IXe siècle carolingien relatifs à la  » société chrétienne « , l’auteure propose une genèse des catharismes, phénomène pluriel et endogène au christianisme occidental. Ainsi se dégage et se précise le parcours d’une pensée dualiste dont les expressions dissidentes, même la plus radicale d’entre elles, au XIIIe siècle, résultent du processus de rationalisation qui traverse le christianisme médiéval.

Mon commentaire

Le travail de Mme Pilar Jiménez est d’une qualité indiscutable quant à sa forme. Ses recherches exhaustives, son travail des sources sont dignes de la qualification de l’auteure.
Par contre sur le fond je considère que Mme Jiménez — si motivée à démontrer les erreurs des chercheurs médiévaux et des polémistes catholiques et orthodoxes — est finalement tombée dans le même piège.
Faire du catharisme une dissidence chrétienne dont les expressions seraient en quelque sortes déconnectées les unes des autres et le réduire à une réaction d’ordre politico-social est une erreur manifeste. Comme un archipel (expression due à Anne Brenon et reprise dans la préface de ce livre), les îles le composant peuvent sembler distinctes les unes des autres et donner envie au géographe de les traiter indépendamment, mais en réalité elles sont unis sous la surface de l’eau et la cause de leur émergence est le même feu qui se déplace au fil du temps.
De la même façon le catharisme n’est pas un phénomène médiéval isolé, comme le pense bon nombre d’historiens, ni une série de manifestations d’opposition à un système religieux et politique donné, comme le pensent l’auteure et quelques autres historiens, mais une émergence médiévale d’un phénomène qui s’est manifesté dès le premier siècle. Mais pour s’en rendre compte il faut chercher à lire l’Histoire partout où elle s’exprime et non seulement là où l’on veut la voir.