Le Dieu séparé
Les origines du gnosticisme
Simone Pétrement
Quatrième de couverture
Le gnosticisme (ce réservoir de mythes et d’arguments pour tous les ésotérismes) : une religion indépendante du christianisme ? D’origine juive ? Devenu une hérésie en se mêlant au christianisme ? Et un tournant de l’histoire religieuse de l’Occident. Les documents découverts à Nag Hammadi parurent si étranges que la question fut tranchée en faveur d’une origine non chrétienne du gnosticisme. La synthèse magistrale de Simone Pétrement est l’œuvre d’une vie. Elle permet d’en mieux juger : la croix sépare Dieu du monde.
La description des mythes — le Démiurge, les Sept Anges créateurs, la Mère, le Dieu « Homme » — et l’analyse des doctrines — le salut par la connaissance, le docétisme, l’« eschatologie réalisée », le dualisme et la liberté par la grâce — permettent de reconstituer la formation et le développement du gnosticisme en ses courants, ses auteurs et ses textes. Et nous en restituent, en ses moments parfois sublimes, l’univers fascinant.
Informations techniques
Publié aux éditions du Cerf en 2011. Première édition 1984. 706 pages.
Dimensions : 235 x 145 x 35 – Poids : 1005 grammes – ISBN : 2-204-02166-0
Mon commentaire
Je suis loin d’avoir terminé ce pavé, mais S. Pétrement est suffisamment claire dans son discours pour que je puisse d’ores et déjà mettre en évidence un certain nombre de pistes de son argumentaire.
Cette amie personnelle et biographe de Simone Weil a pour but de réhabiliter la thèse selon laquelle le gnosticisme prend sa source dans le christianisme et non pas dans le judaïsme ou même en dehors de toute religion instituée.
Elle considère que le gnosticisme est absent du Nouveau Testament même si certains textes ont pu en porter le ferment.
Il va sans dire que je ne partage pas cette opinion, et pourtant je trouve son travail très intéressant car il permet de mieux comprendre comment les polémistes et les théologiens ont pu se laisser abuser par leur vision de l’orthodoxie (qu’elle soit chrétienne, juive et même musulmane) au point de créer de toutes pièces un concept comme le gnosticisme.
Certes, ensuite, il s’est trouvé des penseurs pour rebondir sur ce classement sans fondement afin de formaliser cette nouvelle religion qui se trouve de fait sans origine et sans racine. C’est cela qui explique l’extrême difficulté des écrivains pour définir le gnosticisme car aucune définition n’est exempte de défauts et elles forcent en fait à nier certaines évidences.
Ainsi quand S. Pétrement prétend que rien dans le Nouveau Testament n’atteste une division entre le Dieu de Jésus-Christ et celui de Moïse elle oublie volontairement plusieurs passages qui démentent son affirmation, à commencer par Jean VIII, 44.
En fait le gnosticisme fut un moyen de séparer les chrétiens de Rome qui se voulaient seuls tenants de l’orthodoxie de tous les autres chrétiens (largement majoritaires dans les premiers siècles) en rejetant ces derniers hors du christianisme. C’est l’application de l’adage « Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage. »