Paul-Louis Couchoud
Né à Vienne (Isère) le 6 juillet 1879 et mort à Vienne (Isère) le 8 mai 1959, il était médecin, philosophe, poète et érudit. Cet ami intime d’Anatole France était un théoricien de la thèse selon laquelle Jésus n’aurait pas eu d’existence historique. Il a également étudié le travail de Marcion de Sinope sur les textes de Paul. (source Wikipedia)
Bibliographie
- L’Apocalypse (introduction, traduction et notes), Bossard, Paris, 1922 ; Rieder, Paris, 1930 ; impr. Croset frères, Lyon, 1944.
- L’Énigme de Jésus, article publié dans le Mercure de France, le
- Reconstitution et classement des lettres de saint Paul, Ernest Leroux, Paris, 1923.
- Le mystère de Jésus, article publié dans le Mercure de France, le 4.
- Le mystère de Jésus – Cahiers du christianisme – éd. Rieder et Cie. (Paris) 1926 (reprise amplification de l’article de 1924). – disponible – non numérisé
- La première édition de Saint Paul, Éditions Ernest Leroux, Paris, 1926. – disponible
- Théophile, ou, l’étudiant des religions, A. Delpeuch, Paris, 1928.
- La sagesse juive : extrait des livres sapientiaux, Payot et Cie, Paris, peut-être 1930.
- Les cinq évangiles Recherche sur le problème de leur formation, Les Cahiers Rationalistes no 10, Paris, janvier 1932
- Préface au problème de Jésus, Firmin-Didot, Paris, 1933.
- Jésus le dieu fait homme, F. Rieder, Paris, 1937, 355 p. – disponible – non numérisé
- Jésus, Dieu ou homme ?, N.R.F., Paris, 1939.
- Histoire de Jésus, Presses Universitaires de France, Paris, 1944.
- Le Dieu Jésus : essai, Gallimard, 1951, 250 p. – disponible – non numérisé
- Une réponse inédite à Loisy sur l’historicité de Jésus, Paris, 1970.
Œuvres collaboratives et controverses
- Avec Han Ryner : La Vérité sur Jésus : controverse publique entre MM. le Dr. Couchoud et Han Ryner, compte rendu sténographique, Conflans-Honorine, Idée libre no 123, Série 3, juin 1926, 56 p.
- Avec Joseph de Tonquédec, Yves de la Brière, l’Abbé J. Viollet, l’Abbé Hénocque, Paul Claudel, Georges Goyau, Albert Dufourcq, Louis Massignon, le rabbin Julien Weill, André Jundt, Fernand Ménégez, Henri Monnier, Salomon Reinach, Maurice Maeterlinck, Sylvain Lévi, Charles Henry, Robert Mirabaud, Paul Souday, Paul Vulliand, E. Caslant, André Lebey, Ce que je sais de Dieu, Éditions Montaigne, Les cahiers contemporains no 1,Paris, 1926, 223 p.
- Avec Albert Houtin, Charles-Jean-Marie Loyson, Émilie Jane Butterfield, Du sacerdoce au mariage : Lettres et journaux intimes, F. Rieder, 1927.
- Comme directeur de publication : Congrès d’histoire du christianisme I, II et III, 1927: Jubilé Alfred Loisy, F. Rieder, Paris; Van Holkemas Warendorf’s Uitgevers Maatschappij, Amsterdam, 1928.
- Avec Robert Stahl : Les deux auteurs des Actes des apôtres, Le Puy-en-Velay, Impr. « La Haute-Loiré », 1928.
- Avec G.A. van den Bergh van Eysinga et Robert Stahl : Premiers écrits du christianisme, F. Rieder, Paris, 1930.
- Avec Albert Bayet et Prosper Alfaric : Le problème de Jésus et les origines du christianisme, Impr. des établissements Busson, Les Œuvres représentatives, Bibliothèque rationaliste, Paris, 1932.
Commentaire
Le travail de Paul-Louis Couchoud sur l’« historicité » de Jésus fut précurseur et quelque peut révolutionnaire à une époque où la question n’était quasiment jamais posée.
Voici un extrait de son livre « L’énigme de Jésus », In Mercure de France, T. 162, N°593, 1er mars 1923 :
« Jésus est inconnu comme personnage historique. Il a pu vivre, puisque des milliards d’hommes ont vécu sans laisser de trace certaine de leur vie. C’est une simple possibilité à discuter comme telle. Il ne suffit pas de dire, avec certains critiques : nous ne savons rien de lui, sauf qu’il a existé. Il faut dire courageusement : nous ne savons rien de lui, ni s’il a existé. Dans une recherche historique, l’exactitude sévère permet seule de progresser. Or, le document qui, en bonne critique, prouverait positivement l’existence de Jésus fait défaut. […] Jésus appartient à l’histoire par son nom et par son culte, mais il n’est pas un personnage historique. Il est un être divin, dont la connaissance a été lentement élaborée par la conscience chrétienne. Il a été enfanté dans la foi, dans l’espoir et dans l’amour. Il s’est formé du dictame des cœurs. Il a pris des formes changeantes que l’adoration lui a données. Il naquit dès qu’il eut un croyant […] Sa seule réalité est spirituelle. Toute autre est mirage. »
Selon Couchoud, seul vaut le témoignage de Paul de Tarse. La conception docète du christianisme devrait être la conception orthodoxe s’il est vrai que Paul est le véritable fondateur du christianisme.
Souvent traitée de mythiste, cette thèse est en réalité spiritualiste, comme il le précise dans une lettre à Maurice Goguel, Couchoud affirme : « La conception d’un Christ purement spirituel ne « dévalorise » nullement le christianisme et […] elle est bien différente de celle d’un Christ mythique. Concevoir Dieu, par exemple comme un être spirituel, n’est pas le concevoir comme un mythe. À mon sens, il en est de même du Christ. »
Bien entendu, cette thèse provoqua des réactions de défenseurs de la thèse historique comme le Professeur Maurice Goguel et le jésuite Léonce de Gandmaison, sans oublier l’historien des religions Charles Guignebert. En réponse à la critique de cet historien libre penseur, Paul-Louis Couchoud fait la réponse suivante dans la revue Europe qu’il dirige :
« Le mérite de M. Guignebert a été de se dégager, en un problème historique, des phrases onctueuses, des clauses de style, des affirmations vagues et excessives, de ce qu’il appelle « l’hypnose des préjugés ancestraux » dont Renan reste si encombré. À l’historien on ne demande pas du respect mais de la lucidité. A-t-il résolu le problème de Jésus ? Je ne le crois pas. […] en minimisant Jésus il a rendu plus paradoxales, plus inimaginables encore les majorations qui auraient été nécessaires pour qu’un pauvre et infortuné « nabi » fût admis comme coparticipant dans le mystère de Dieu en deux personnes. […] M. Guignebert a-t-il été assez radical dans sa critique ? Ou plutôt, son erreur, qu’il partage avec la majorité des exégètes, n’a-t-elle pas été de traiter en textes légendaires des textes sacrés ? La différence est essentielle. […] M. Guignebert décrit excellemment, au chapitre de la résurrection de Jésus, comment la foi a été mise en légende. Et si elle avait été mise en légende d’un bout à l’autre des évangiles ? Les évangiles ne seraient pas des traditions sur Jésus mais des représentations de Jésus, assez différentes selon les églises dont les évangiles sont les livrets liturgiques, variations sur un thème pseudo-historique, inconnu encore de Paul et de l’auteur de l’Apocalypse. […] Il resterait à expliquer l’origine première de la représentation de Jésus. Elle serait à chercher dans toute autre chose qu’un événement historique, dans la lente élaboration de l’idée du Fils de l’Homme daniélique, contaminée par celle du Serviteur souffrant, mourant et rédempteur, d’Isaïe. De toute façon le problème de l’origine de la foi chrétienne reste à peu près entier, car à qui veut l’élucider, le Jésus si chétif qu’on nous donne apporte moins d’aide que d’embarras. Réduite à ces proportions, la figure historique de Jésus n’a guère d’utilité et semble ne subsister pour ses défenseurs que par un acte de foi et un dernier reste des « préjugés ancestraux ». Le Jésus de M. Guignebert appelle comme réplique l’autre Jésus, celui qui n’a pas été conçu dans un ventre de femme mais dans des cerveaux de voyants et qui n’est pas expliqué par des majorations successives mais, à l’inverse, par une progressive matérialisation. »
Source principale : Wikipedia