Ce document est la copie du travail de A. Wautier, librement accessible sur internet. En voici l’original en format pdf : Évangélion.Read more
paul
Communautés chrétiennes du 1er siècle
Communautés chrétiennes du ler siècle
Édouard Cothenet
Quatrième de couverture
L’urgence de la mission nourrit l’intérêt pour les Actes des Apôtres, qui valorisent le rôle de l’Esprit saint dans la vie de l’Église.
Quelle qu’en soit la valeur, l’historien doit croiser le récit de Luc avec les renseignements de première main contenus dans les épitres de Paul, sans négliger les autres écrits du Nouveau Testament ni même les textes des Pères apostoliques. Chemin faisant, c’est à un voyage à l’intérieur des premières communautés chrétiennes que nous entraîne ici le bibliste Edouard Cothenet.
On y trouve un éclairage sur de nombreux sujets : la distanciation progressive du christianisme d’avec le judaïsme alors en expansion ; la situation des judéo-chrétiens coincés entre la fidélité à la Loi de Moïse et la liberté des convertis du paganisme selon Paul ; la lente éclosion des ministères ; l’organisation du culte ; le rôle des femmes…
Deux communautés se distinguent par leur dynamisme missionnaire : Éphèse et Antioche. À l’heure où nous sommes si inquiets de l’avenir des chrétiens d’Orient, ne vaut-il pas la peine d’évoquer l’histoire de ces Églises, héritières, après Jérusalem, de la tradition apostolique ?Read more
Enquête sur Paul et Jésus
Enquête sur Paul et Jésus
Henri Persoz
Commentaire (site de la paroisse réformée d’Hagondance et de Maizière-lès-Metz)
Pourquoi Paul cite-t-il si peu les paroles de Jésus et construit-il une figure qui sauve non en raison de ses paroles et de ses enseignements, mais parce qu’elle a été crucifiée ?
Pour répondre à cette question, Henri Persoz mène méticuleusement une enquête progressive et fort intéressante, formulant des interrogations, avançant des hypothèses qu’il examine à la lumière des lettres pauliniennes ou d’autres textes encore, interrogeant aussi les théologiens d’hier et d’aujourd’hui. C’est un travail richement documenté, clair, accessible et très plaisant à lire parce que l’auteur accompagne pas à pas ses lecteurs, il leur expose son cheminement, annonce à l’avance les étapes de sa réflexion et en signale même parfois les passages un peu ardus.
Grâce à une lecture attentive des lettres de Paul, nous apprenons à mieux connaître l’apôtre et le monde dans lequel il vivait, à mieux comprendre aussi comment il explique sa relation à Jésus Christ. En particulier, Henri Persoz montre que le Jésus historique n’intéressait pas Paul (dans les lettres authentiques pauliniennes, il n’y a que six références explicites à une parole de Jésus). L’Évangile qu’il prêche ne résulte pas d’une transmission d’homme, (Paul n’a pas connu Jésus) mais d’une révélation qui lui vient directement de Dieu (Galates, 1/12). Or cette révélation ne lui a apporté que quelques idées décisives, comme la libération de la loi et le salut par la grâce, elle n’a pas pu raconter dans le détail les paraboles, le sermon sur la montagne… Paul a donc construit sa théologie à partir de sa double culture juive et grecque, et sans avoir besoin de s’appuyer sur le Jésus historique.
Pour savoir ce qu’il en est des paroles de Jésus au premier siècle, l’auteur survole la littérature du premier siècle (les écrits non pauliniens).
Bon nombre de ces récits n’évoquent que très peu les paroles de Jésus dont le rôle principal est comme dans la théologie paulinienne de sauver par sa mort et sa résurrection. D’autres écrits par contre, (tel l’Évangile de Thomas) évoquent abondamment les paroles et les actes de Jésus, développant une théologie fort différente de celle de Paul, car Jésus y est Seigneur en raison de son enseignement et non en raison de sa mort. Il existait donc des origines plurielles du christianisme avec des écarts de conceptions (hellénisées pour celles qui retiennent l’Évangile de la croix, palestiniennes pour celles qui s’attachent à l’Évangile de la Parole, jérusalémites pour celles qui sont restées très juives, ou encore johanniques).
Afin de comprendre pourquoi Paul ne cite quasiment jamais l’enseignement de Jésus, ni le contenu de ses discussions polémiques avec les juifs, ni ses paraboles, ses guérisons ou ses miracles, ni ses compassions, l’auteur présente en les commentant ensuite, les explications qui ont été données par certains théologiens et qui pourraient bien faire avancer l’enquête.
Certaines de ces hypothèses sont possibles, du reste intéressantes :
- Paul voulait désencombrer le message chrétien de toute référence au caractère extraordinaire des miracles et des guérisons. Pour lui, ce sont les convictions et les retournements intérieurs qui importent et sont déterminants.
- Paul n’a pas fait partie des 12 disciples, ce qu’il ressentait comme une infériorité. C’est pourquoi il insisterait sur la révélation par Dieu qui le fait l’égal des disciples.
- Ou alors il atténue le discours de Jésus car le radicalisme éthique des porteurs de la parole de Jésus (abandonner ses possessions au bénéfice des plus pauvres et tout quitter pour suivre le Maître) est trop difficile à envisager et à propager dans les riches villes commerçantes et intellectuelles d’Asie mineure. Pour rendre son message recevable, il n’a retenu que ce qui était socialement acceptable, le salut par un autre.
- Il laisserait aussi dans l’ombre le Jésus de l’histoire parce que ce Jésus là correspondait si peu au Messie glorieux attendu.
Mais d’ailleurs, dans les années 50, que pouvait connaître Paul de la tradition sur les paroles et les actes de Jésus ? De cette tradition orale, il ne disposait probablement qu’une idèe très vague, bien différente de celle propagée plus tard dans les écrits des évangélistes. Et même lorsque les paroles de Jésus finirent par se diffuser timidement et lentement en Asie mineure, il fut difficile à Paul de changer des convictions déjà bien solides et l’apôtre, à 55 ans, ne parviendra pas à intégrer ces éléments dans son Évangile. Il s’est d’ailleurs durement opposé à ceux qui propageaient les paroles de Jésus et qui perturbaient son propre enseignement.
Alors se demande l’auteur, comment expliquer que le christianisme ait pu se développer et se répandre à partir du seul événement de la croix, amputé de l’événement de la Parole et de la vie de Jésus? Il faut se replacer dans le cadre des religions païennes (dites à mystères pour les religions orientales) qui avaient beaucoup d’adeptes dans ce monde hellénisé imprégné de magie et d’idolâtrie. Ces religions offraient une promesse de salut individuel par communion cyclique avec un dieu mort et ressuscité, dans une cérémonie assez effrayante. Paul s’est opposé bien sûr à ces religions. Mais il sut opérer une synthèse intelligente entre les cultes païens et ses convictions, en opérant un important travail de réinterprétation, d’adaptation et de profond changement (en particulier avec l’idée de l’homme nouveau). Sans avoir eu besoin d’évoquer les paroles et l’enseignement de Jésus, son discours théologique fut alors culturellement accessible et recevable, et il put beaucoup convertir.
Alors, Jésus proclamant ou Jésus proclamé ? (la formule est de Bultmann) Jésus des Évangiles proclamant une parole, ou Christ proclamé du haut de la croix
Le christianisme est marqué par ces deux approches : l’approche de Jésus selon laquelle le salut est dans l’amour du prochain qui débouche sur l’oubli de soi et qui amène à une éthique radicale prônant l’impossible (la foi qui déplace les montagnes). Et celle, plus institutionnelle développée par Paul, qui insiste sur l’unité de la communauté, et où le salut lié à la croix, c’est vivre pour Christ.
D’après Henri Persoz, l’Église a survécu grâce à la cohabitation bénéfique de ces deux dimensions, et aucune n’aurait pu la maintenir vivante toute seule et sans l’autre.
C. W.
En quête de Paul
En quête de Paul
INTRODUCTION
La recherche sur Paul, le personnage, sa pensée, son projet, ne cesse de livrer tous les ans son lot d’ouvrages, écrits par les savants et les érudits les plus éminents. Il peut sembler présomptueux d’engager à notre tour une étude, qui n’a ni l’avantage de se pencher sur les vieux manuscrits en langues anciennes, ni celui d’avoir consacré une vie entière à des lectures pieuses. Nous avons choisi simplement de relire Paul, avec la liberté, le détachement et le doute, que donne la philosophie à celui qui la cultive.
Nous avons consulté un grand nombre d’ouvrages de critique littéraire, d’exégèse, d’histoire, qui font l’objet de merveilleuses collections. Nous y avons beaucoup appris. Mais notre but ne consiste pas à faire un bilan de toute cette érudition, à tirer une synthèse de ce que l’on a écrit et de ce que l’on dit toujours de Paul. Il est, au contraire, de rentrer ingénument dans la correspondance de l’apôtre et de la lire simplement, sans a priori, ni attachement à une église ou à une chapelle.Paul s’est toujours défendu d’appartenir à quiconque, sinon à l’esprit du Christ tel qu’il parlait en sa pensée. Nous comprenons qu’à notre tour, par des mois de travail, nous courrons le risque d’un attachement au personnage, qui ne favorise pas toujours l’objectivité de lecture. Nous nous sommes cependant employés à maintenir avec Paul une respectueuse distance.
1 LES LETTRES
Le canon des écritures attribue à Paul un certain nombre de lettres, dont la critique littéraire libre refuse l’authenticité. Le domaine limité de notre recherche ne nous a pas permis de pénétrer les mélanges d’une correspondance trompeuse (quatorze lettres canoniques), afin de déterminer les oppositions, les contradictions et les anachronismes, qui sont le signe de l’écrit pseudépigraphique. Il serait sans doute d’un grand intérêt de repérer l’infléchissement, sinon la perversion, dont la pensée de l’apôtre a fait l’objet, au fur et à mesure que les conflits d’idées se sont apaisés et que l’espérance terrestre a retrouvé toute sa justification. Si l’autorité gardienne de la pensée venait à rendre compte de l’erreur — pour ne pas dire de la falsification — dont les lettres de l’apôtre font encore l’objet, un grand pan des certitudes de la pensée occidentale s’effondrerait !Nous avons donc choisi de limiter notre étude à la correspondance qui recueille l’agrément général quant à l’authenticité, non sans avoir tenté de mettre en lumière quelques passages interpolés qui nous apparaissent comme autant d’outrages faits aux convictions de l’apôtre (Rm. XIII, 1-7 ; 1 Co. XI, 2-16 ; XIV, 33b-34 ; Ga. II, 7-8). Les écrits considérés sont les suivants : « Lettre aux Galates« , correspondances avec les Corinthiens (Première et Deuxième Lettres), « Lettre aux Philippiens », « Lettre aux Romains ». La « Première lettre aux Thessaloniciens » est en accord avec la correspondance retenue. Nous l’avons cependant écartée du fait qu’elle n’est pas seulement de Paul, mais qu’elle est co-signée par Sylvain et Timothée. Nous renvoyons notre lecteur à la bibliographie de fin d’ouvrage pour connaître les positions défendues par la critique littéraire et justifier notre choix.L’apôtre a l’avantage incontestable d’être (à notre connaissance) le premier à développer formellement une pensée qui trouve son fondement dans l’exécution de Jésus. Rien de ce qui a été écrit après lui ne peut ignorer la proclamation de sa pensée, soit pour puiser à cette source originale, soit au contraire pour s’inscrire en faux contre un esprit rebelle qui conteste que Dieu ait donné une bonne loi sur le mont Sinaï.
L’évangile est pour nous paulinien, sauf à considérer cet autre évangile que le Maître de Justice proposait à la Communauté des Saints. Nous avons suivi Justin en désignant « l’autre évangile », celui de Matthieu, comme Memoria.
Même si nous avons eu recours à diverses versions (en langue française ou anglaise), nous avons utilisé comme référence les traductions de la « Bibliothèque de la Pléiade », tant pour les écrits bibliques, que pour les écrits intertestamentaires et les manuscrits de Qoumrân, que pour les écrits apocryphes chrétiens. Parmi toutes les traductions possibles, celles-ci présentaient, outre leurs qualités, l’avantage de former une unité. Choisissant de mettre un ou plusieurs versets en exergue de chaque paragraphe, nous avons jugé utile de les doubler de la traduction d’A. Chouraqui.
Malgré le contraste entre sa propre lecture de Paul et la nôtre, la nécessité de situer l’apôtre en son contexte hébreu l’a emporté. Qu’il nous pardonne d’avoir mêlé l’originalité de son texte à la hardiesse de notre découverte. Ajoutons enfin que nous avons généralement extrait nos citations des textes rabbiniques, de la précieuse traduction de J. Bonsirven.
2 LE PERSONNAGE
Notre étude se limitant à l’authenticité du texte paulinien, nous ne connaissons que peu de chose de cet être incarné qui se nomme Paul. Peu lui chaut ce qu’il est en son corps, dont il n’attend jamais que d’être délivré. Cette indifférence à lui-même (créature terrestre), il la reporte sur la nature qui l’environne, dont jamais il ne parle, si ce n’est pour affirmer son impatience à la voir elle-même libérée de la loi de nature, tout comme l’homme le sera de la loi de l’incarnation.
Paul renaît le jour de sa conversion. Tout ce qui fut avant n’était que mort, rien n’est à garder, tout est à jeter : l’ascendance qui devait lui garantir un avantage inouï au regard de Dieu, la piété pharisienne qui lui assurait la reconnaissance publique, l’autorité de la Torah qui lui procurait l’exercice du pouvoir.
Cet être psychique, corps vide d’une réalité charnelle, esclave d’une loi naturelle qui décline les convoitises et donne l’illusion d’une survie, esclave d’une loi positive qui organise le péché du monde, cet être-là, Paul l’abandonne à sa fatalité, il l’y précipite même. Ce n’est que par l’esprit qu’il peut être connu, qu’il veut être reçu.
Non point un esprit qui prend chair, mais un corps qui s’efface peu à peu jusqu’à mourir pour que mieux vive l’esprit.
Paul nous avertit que désormais (si tout au moins nous sommes parmi les siens) nous n’avons plus à connaître personne selon la chair. Ainsi sera-t-il fait. Mais quelle sera notre assurance de l’avoir bien rencontré ? Peut-on avoir raison lorsque l’on poursuit un homme qui ne cherche qu’à se défaire de lui-même, au point que si l’on croit l’avoir trouvé, ce n’est jamais qu’un vêtement abandonné ?
3 LA PENSEE
Ce qui le fait courir, c’est la vie éternelle écrit-il. Pour preuve qu’elle existe, c’est qu’il court ! Quelle logique chercher dans une pensée que l’on jugera véritable, non sur la raison, mais sur l’annonce prophétique. Tels sont les lecteurs ou les contradicteurs que rien n’est vrai que l’oracle n’ait annoncé. Et chacun de presser les écritures, de tordre les prophéties, d’inventer l’allégorie, de rajuster les termes.
Les prophéties d’Isaïe ou de tout autre possédé de l’esprit ont perdu pour nous leur intérêt en tant que projet politique. Paul pourtant demeure présent. Lui qui refusait le monde se retrouve comme l’un des piliers d’un monde occidental héritier de l’Empire ! Avec lui semble bien s’être éteinte l’espérance céleste, dont la puissance a vocation à ruiner le monde, à anéantir la génération d’Adam. Comme les Pharisiens, les hommes ont continué à croire à la résurrection de la chair pour mieux construire le monde où ils ont toujours espéré se retrouver le jour venu. Comme eux, ils ont ajouté vainement des pages et des pages au livre de la loi et convoqué les juges à tout propos.
Si Paul est toujours présent, c’est bien qu’il n’a plus jamais été lui-même depuis qu’un jour de l’an 144, Marcion, évêque de Sinope, fut déclaré hérétique, probablement pour l’avoir trop compris. Peut-on avoir raison contre tous ? Depuis bientôt deux mille ans, il est une compréhension de Paul qui demeure interdite, en laquelle nul n’ose s’aventurer. Non point qu’aujourd’hui encore l’on craigne les bûchers, mais parce que l’homme ne croit pas au ciel !
L’apôtre avait foi parce qu’il ne croyait plus au monde, en la valeur de ses lois.
Il entendit tout à coup la mort du Christ comme une parole divine. Dieu lui montrait la vanité de la chair. Il lui disait le mensonge de la loi. Paul comprit que la vrai loi de Dieu ne se trouvait nulle part ailleurs qu’en la conscience de chacun. Il proclama le choix de l’amour contre celui de la loi positive. Dieu contre Satan.
Mettons de côté les lettres qu’il n’a jamais écrites, et oublions ce que la tradition des Pères de l’Eglise à pu laisser accroire dans le but d’édifier l’institution et de refonder le droit. L’œuvre est considérable, mais elle n’est point paulinienne. Les croyances et les pensées des hommes au moment où l’apôtre fleurit constituent notre meilleur guide. Il faut comprendre quelles sont les pensées que l’apôtre veut abattre.
Elles sont là, devant nos yeux, dans la tradition pharisienne que les maîtres d’Israël nous ont transmise, dans la bibliothèque de Qoumrân dont les rouleaux fermés depuis ce temps se sont déroulés pour nous, juste avant que le millénaire ne passe.
L’objet de notre étude n’est point Jésus, mais Paul qui se proclame son apôtre et serviteur, tout en se défendant de ne jamais vouloir le situer dans l’histoire. Nous ne chercherons pas à savoir si de tous les disciples, Paul l’aura le mieux compris ; il nous faudrait pour cela connaître Jésus et chacun des apôtres, dans la diversité des communautés qu’ils ont créées.
4 LA FORME
Les lettres de l’apôtre se présentent à nous en un courrier bien souvent mal reconstitué, peut-être même mal adressé. La correspondance aux Corinthiens nous est donnée sous la forme de deux lettres, alors qu’il s’agit d’un amalgame de plusieurs billets, parfois divisés, rarement situés dans l’ordre chronologique. Le mélange des feuillets n’est pas absent de la « Lettre aux Romains ». « La Lettre aux Galates » et la « Lettre aux Philippiens » semblent à peu près homogènes. Si l’on ajoute le problème des interpolations majeures et les points de différences que révèlent les manuscrits anciens, nous n’avons devant nous que des feuilles de brouillon désordonnées que des âmes « bien intentionnées » sont venues corriger.
C’est îa raison pour laquelle nous avons nous-même choisi de regrouper les textes selon les idées qu’ils développent : la foi, l’esprit, la loi de l’esprit (loi de la foi et loi de Dieu), la loi du monde (loi du péché et loi positive), l’amour, l’espérance, Dieu et Satan, l’homme, la Communauté. L’importance des chapitres ainsi constitués reste inégale, mais elle correspond peu ou prou à l’insistance même de l’apôtre dans les écrits qui nous sont parvenus.
L’on a écrit sur Paul des biographies, des hagiographies, des pamphlets même et des commentaires de lettres. C’est dans ce dernier genre que nous devons classer notre étude bien qu’elle puisse apparaître à certains égards comme un recueil des idées.
Un travail libre sur la pensée de Paul devient œuvre exploratoire : le sens est enfoui et les mots sont dans leur gangue de terre rouge. Nous souhaitons faire partager au lecteur l’étonnement de l’inventeur qui exhume une richesse ignorée sur une voie passante.
Armé des meilleures traductions, la difficulté consiste à réduire les contradictions apparentes jusqu’à buter sur l’interpolation. Notre avantage est sans doute de partir sans présupposé (sans religion toute faite). Le chemin est en effet embarrassé. Nous croyons qu’il est bien difficile de penser Paul en lisant Augustin ou tel autre Père, en concevant une recherche comme une pierre apportée à l’édifîce. L’on a compris que telle n’était point notre intention.
Nous voyons précisément que Paul ne veut nullement bâtir ; il cherche la porte étroite qui s’ouvre sur l’au-delà du monde. Nulle construction terrestre ne peut retenir sa pensée. A l’exception de l’allemand D. Flusser, nous n’avons pas connaissance que l’on ait jamais étudié la proximité des lettres de Paul avec les écrits esséniens. Le mélange donne la clé qui révèle le sens des argumentations obscures autant que l’identité religieuse des adversaires qui le poursuivent en ses pérégrinations évangéliques.
Autant d’hommes, autant de croyances. Ce n’est jamais que la pensée de quelques uns qui nous préoccupe : le Maître de Justice, Jean le Baptiste, Jésus le Nazaréen, Paul l’Apôtre. Les autres suivent toujours par affinité, par révolte, mais sans savoir. L’on a beaucoup trop reconstruit l’histoire des croyances religieuses de ce temps, comme si chacun en était alors instruit. Le vrai est dans le simple.
Lluis Sala Molins a accepté de nous diriger en cette recherche rebelle. Il nous a aidé de sa propre révolte et de son regard sur le siècle ; tout en encourageant une étude qui pouvait, dès l’abord, apparaître en marge de la philosophie universitaire. Il possédait pour nous les vraies qualités de la foi, sans que nous n’ayons jamais su quel était son dieu. Nous souhaitons qu’à travers nous, il ait pu rencontrer Paul qui, comme lui, a bien pu crier : Au nom de la loi ! de quel droit ? Yves Maris
Comment se procurer la thèse ?
En vente sur le site de l’Association Nationale de Reproduction des Thèses.