Le Roman Pseudo-Clémentin


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Le Roman Pseudo-Clémentin

Le Roman Pseudo-Clémentin est la désignation moderne d’un ensemble composé d’un texte grec, les Homélies du Pseudo-Clément et d’un texte latin, les Reconnaissances du pseudo-Clément. Pour des raisons de validation, tant du point de vue de l’autorité que de l’ancienneté, ces textes sont placés sous le nom de Clément de Rome, qui est présenté par Irénée de Lyon comme le troisième successeur de Pierre à la tête de la communauté de la fin du 1er siècle.

Dans une tradition particulière, Clément — le disciple de Paul — évoqué dans la Lettre aux Philippiens et Clément de Rome — devenu disciple de Pierre — seraient une même personne. Ce Roman se fie à cette tradition et se rattache donc à l’antiquité chrétienne la plus ancienne. Ce changement de maître et d’école théologique explique aussi l’attitude envers Paul.

Le Roman

Le ressort du texte est une autobiographie de Clément, qui va se convertir et devenir le disciple de Pierre après la disparition de tragique de sa famille. Il retrouvera sa famille présumée tuée et les convertira également, d’où le titre de Reconnaissances de la partie latine.
Ce texte, qui mérite bien le titre de Roman tant il reprend la structure du roman grec et ses ressorts narratifs, intègre des discours, entretiens, controverses et enseignements à la trame du récit.

Pierre est présenté ici d’une façon totalement différente de celle qui prévaut dans les Évangiles et les Actes. Fini le personnage falot, hésitant, inculte, lent à la compréhension. Nous trouvons ici un Pierre versé dans la rhétorique et la philosophie, guérisseur comparable à Jésus, agissant en chef de l’Église et prenant le pas sur Paul de Tarse dans le rôle d’apôtre des nations. Ce dernier est d’ailleurs traité d’« homme ennemi » opinion qui persistera jusqu’au troisième siècle ou Tertulien de Carthage le traite même d’« apôtre des hérétiques ». Tout cela vise à démontrer que Pierre suit la voie du Christ, contrairement à Simon le magicien dont les actes merveilleux conduisent à la perte de ses disciples.

Simon de Samarie, dit le magicien, est d’ailleurs présenté de façon complexe dans ces textes. Il prétend être le Christ à la place de Jésus, fait des miracles purement démonstratifs — il vole dans les airs et déplace des statues, se transforme en animal, etc. — et développe des théories qui sont en fait empruntées à d’autres opposants. On retrouve une critique de Paul à travers Simon et Marcion apparaît dans sa doctrine du « Dieu étranger » et du « Dieu inconnu ». Cela interroge donc sur la véritable date de l’écriture de ces textes puisque Marcion n’a été rejeté de l’Église de Rome qu’en 144, ce qui invaliderait une datation du premier siècle.

Clément est présenté comme un noble issu des Césars et sa famille est composée du père (Faustus) de la mère (Mattidie) et de deux autres frères jumeaux (Faustinus et Faustinianus). Cette famille païenne et cultivée finira par adopter la prédication de Pierre et se convertira, ce qui est un élément classique du Roman.

D’autres personnages entourent Pierre et Simon. Barnabé à l’origine de la conversion de Clément, Zachée qui tient Pierre informé des agissements de Simon d’un côté. De l’autre, Simon est entouré de Appion que nous connaissons par Flavius Josèphe qui dénonce son agressivité contre les Juifs. Annubion est un astrologue égyptien et le troisième, Athénodore d’Athènes est décrit comme un philosophe épicurien. Autant dire que ces personnages ne servent en réalité qu’à mettre ensemble les doctrines que va combattre Clément.

Les Homélies

Elles nous sont parvenues en grec, comportent vingt livres, et sont précédées de trois textes visant à en garantir la transmission fidèle. On trouve donc :

  • La Lettre de Pierre à Jacques qui propose de maintenir le secret sur ses prédications ;
  • L’Engagement solennel destiné à ceux qui reçoivent le livre (Diamarturia) qui confirme cette vocation du secret qui va suivre l’Église catholique ;
  • La Lettre de Clément à Jacques qui annonce la mort de Pierre, après que ce dernier ait placé l’auteur comme évêque de Rome.

Si la troisième lettre est vraisemblablement de Clément, les deux autres prêtent encore à discussions d’experts.

Les Reconnaissances

Réparties en dix livres, elles furent traduites du grec en latin par Rufin au début du 5e siècle. Ces deux textes comportent des passages comparables et d’autres divergents. Cependant, il convient de les considérer comme du même auteur. Plus que la forme, le fond de ces textes est identique et évoque les mêmes préoccupations.

Le caractère ésotérique de la prédication pétrinienne explique que ces textes n’ont pas été retenus dans le canon. Cependant, ces écrits ont largement circulé dans les communautés judéo-chrétiennes et y ont connu un grand succès.

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