La gnose et les origines chrétiennes
Auteur : Robert M. Grant
Édition anglaise : Gnosticism and early christinity (Columbia University Press, New York) – 1959
Édition française : trad. Jeanne Henri Marrou, préface : H.-I. Marrou professeur à la Sorbonne (Le Seuil, Paris) – 1964
Quatrième de couverture :
L’histoire des origines chrétiennes est, dans une large mesure, celle des rapports de l’Église primitive avec le milieu qui l’entourait. Or, si les découvertes de Qumrân ont apporté de grandes lumières sur le mouvement qu’animait alors un certain esprit apocalyptique, d’autres découvertes toutes récentes, celles de Nag-IIammadi, jettent un nouveau jour sur le développement d’un autre mouvement qui, dans un certain sens, s’y oppose, celui de la Gnose.
Mais l’éventail des formes de pensée et d’expérience religieuses du Gnosticisme est large, et l’influence de celui-ci va, dans l’espace, de l’Iran à la Gaule et, dans le temps, du Ier siècle jusqu’au 13e, pour le moins (avec les grands mouvements successifs des Manichéens, des Bogomiles, et enfin des Cathares). L’ouvrage de R.M. Grant prend la Gnose à la source, fait le bilan des documents, présente les personnages qui, comme Simon le Magicien, Valentin, Basilide ou Marcion, dominent ce mouvement, étudie les doctrines et les mythes en lesquels il se manifeste (tels le monde céleste et les esprits, les Éons, les Archontes, la montée au ciel et la descente du ciel, et cette Sophia, Pensée Divine, dont Hélène de Troie devient un des avatars), analyse enfin les rapports de ces conceptions avec celles du judaïsme et du christianisme primitif.
Ce qui est en jeu dans ce débat, c’est tout le rapport de l’homme et du monde : l’un sera-t-il sauvé avec l’autre, ou hors de lui ? S’il est vrai que beaucoup, dans le judaïsme et la première génération chrétienne, ont attendu l’apocalypse où se transformerait définitivement le monde, l’échec d’une telle espérance condamne-t-il alors celui-ci avec la matière et la chair et la création tout entière ? La Gnose, dans son affirmation du salut par la seule connaissance de l’esprit et le rejet du Mal identifié au monde, est peut-être, dans son essence, la réponse désespérée à cette question qui ne cessera de courir à travers les âges et de mettre à l’épreuve l’authenticité du christianisme.