R.P.C. – Épitre de Clément à Jacques

R.P.C. – Épitre de Clément à Jacques-2

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R.P.C. Homélies du Pseudo-Clément

Le Roman Pseudo-Clémentin est la désignation moderne d’un ensemble composé d’un texte grec, les Homélies du Pseudo-Clément et d’un texte latin, les Reconnaissances du pseudo-Clément. Pour des raisons de validation, tant du point de vue de l’autorité que de l’ancienneté, ces textes sont placés sous le nom de Clément de Rome, qui est présenté par Irénée de Lyon comme le troisième successeur de Pierre à la tête de la communauté de la fin du 1er siècle.
Je m’appuie pour les textes originaux sur l’édition de la Bibliothèque de la Pléiade aux éditions Gallimard : Écrits apocryphes chrétiens. Cet ouvrage publié en 2005, était sous la direction de Pierre Géoltrain et Jean-Daniel Kaestli. Comme d’habitude les introductions, notices et notes ne sont pas reproduites afin de vous inciter à acquérir cet ouvrage et de ne pas nuire aux droits d’auteurs.

Épitre de Clément à Jacques

Chapitre 11

1 – « C’est pourquoi, en votre qualité de disciples du vrai Prophète, écartez la discorde qui engendre la méchanceté, et cultivez avec ardeur la bienfaisance.
2 – Et si l’un de vous doute de l’accomplissement de ce qui a été annoncé, qu’il l’avoue sans honte, pour peu qu’il ait souci de sa propre âme, et le chef de la communauté le convaincra pleinement. S’il possède la juste foi, qu’il vive dans la confiance d’échapper au grand feu de la damnation et d’entrer dans le royaume éternel que Dieu réserve aux bons.

Mon analyse :
Le second point incite à ne pas laisser le doute s’installer mais à s’en ouvrir afin d’être convaincu par plus compétent que soi. L’idée est bonne mais elle peut donner lieu à un endoctrinement selon la qualité de celui qui est chargé d’expliquer.

Chapitre 12

1 – « Quant aux diacres de l’Église, qu’ils soient les yeux de l’évêque, furetant de tous côtés avec perspicacité, épiant les actes de chacun des fidèles, cherchant qui va pécher, pour que peut-être, retenu par les admonestations du guide de la communauté, il ne commette pas le péché.
2 – Qu’ils ramènent dans les rangs les déserteurs, afin qu’ils ne négligent pas de venir écouter les enseignements eux aussi avec les autres, et que la parole de vérité puisse les débarrasser des doutes qui envahissent leur cœur à tout instant, sous l’effet des événements de la vie et des mauvaises fréquentations : car lorsqu’ils sont restés longtemps en friche, ils deviennent la proie du feu.
3 – Qu’ils prennent aussi des nouvelles des malades selon la chair et qu’ils les transmettent à la communauté qui l’ignore, pour qu’on aille les voir et qu’on leur procure ce dont ils ont besoin sur l’avis de son chef ; et même si l’on agit à son insu, ce n’est pas pour autant un péché. Telles sont, entre autres, les mesures que doivent prendre les diacres.

Mon analyse :
Là nous voyons se développer le caractère dictatorial de l’Église judéo-chrétienne. Par contre le dernier point ramène à la Bienveillance.

Chapitre 13

1 – « Quant aux catéchistes, qu’ils n’instruisent qu’après
avoir été eux-mêmes instruits ; car c’est de l’âme des hommes
qu’il s’agit. Il faut en effet que le maître de doctrine s’adapte
aux multiples dispositions de ses disciples.
2 – Le catéchiste
doit donc être cultivé, irréprochable, expérimenté, intrépide, comme vous découvrirez que l’est Clément, qui va me succéder dans la catéchèse.
3 – Il serait long d’entrer maintenant
dans le détail ; mais si vous vivez dans la concorde, vous
pourrez parvenir jusqu’au port du repos, là où s’élève la cité
pacifique du grand Roi.

Mon analyse :
La compétence de l’enseignant est requise pour un enseignement de qualité. Ce qui manque ce sont les critères de compétence.

Chapitre 14

1 – « Car le corps tout entier de l’Église ressemble à un
grand navire, qui transporte à travers une violente tempête
des hommes venus de multiples horizons, et qui veulent
habiter une seule et même cité, celle du bon royaume.
2 – Que le maître en soit Dieu ; comparez son pilote au Christ,
sa vigie à l’évêque, ses matelots aux presbytres, ses chefs de
rame aux diacres, et ses recruteurs aux catéchistes ; la foule
des frères, aux passagers ;
3 – le monde, aux profondeurs de
la mer les vents contraires, aux épreuves ; les persécutions,
les dangers, les tribulations de toute sorte, aux lames de
fond , les vents violents soufflant de la terre, à la fréquentation des trompeurs et des faux prophètes ;
4 – les promontoires et les côtes rocheuses, aux juges investis de l’autorité proférant de terribles menaces ; les côtes turbulentes et infestées de monstres marins, aux irréfléchis et aux incrédules doutant des promesses de la vérité.
5 – Imaginez les hypocrites comme les pirates. Quant aux puissants tourbillons, à la tartaréenne Charybde, aux échouements meurtriers, aux naufrages mortels, voyez en eux seuls les péchés.
6 – Donc, pour qu’une heureuse navigation vous conduise sans trop de dangers jusqu’au port de la cité espérée, priez de manière à vous faire entendre ; or, ce sont les bonnes actions qui rendent les prières dignes d’être exaucées.

Mon analyse :
L’image donnée de l’Église renforce l’idée d’enfermement spirituel et le rôle des diacres signale la coercition qu’elle s’autorise.

Chapitre 15

1 – « Que les passagers se tiennent solidement assis aux places qui sont les leurs, pour ne pas ébranler le navire ou le faire gîter par leur désordre,
2 – que les recruteurs rappellent la solde, que les diacres ne négligent aucune des tâches qui leur ont été confiées que les presbytres, en leur qualité de matelots, fournissent avec diligence ce dont chacun a besoin ; que l’évêque, en sa qualité de vigie, reste toujours en éveil, et ne communique qu’avec le pilote.
3 – Que le Christ soit aimé comme un pilote salvateur, et qu’on n’ait foi qu’en ses paroles. Que tous prient Dieu de leur accorder une heureuse navigation.
4 – Que ceux qui sont à bord s’attendent à toutes sortes de tribulations, puisqu’ils longent cet abîme profond et agité qu’est le monde : tantôt découragés, pourchassés, dispersés, souffrant de la faim et de la soif, dépouillés de leurs habits, plongés dans la détresse, tantôt réunis de nouveau, rassemblés, apaisés ;
5 – et encore victimes du mal de mer, des vertiges, des vomissements c’est-à-dire confessant leurs défaillances comme on rejette des biles malsaines, j’entends par là les péchés d’aigreur et les maux qu’ont accumulés des passions désordonnées : leur aveu, comme un vomissement, vous soulage de votre mal, et ce j traitement salutaire vous fait recouvrer la santé.

Mon analyse :
Là encore on voit la préférence pour un comportement de soumission et la conviction sans persuasion mais par le couple récompense-menace.

Chapitre 16

1 – « Sachez tous que l’évêque souffre plus que vous tous, parce que si chacun de vous endure ses propres peines, lui, endure les siennes propres et celles de chacun.
2 – C’est pourquoi, Clément, en ta qualité de chef de la communauté, porte secours à chacun, dans la mesure où tu le peux, en te chargeant des soucis de tous. Aussi, ta prise en charge de l’administration de l’Église, la vois-je comme une grâce que je reçois, et non que je te fais.
3 – Mais sois confiant, et supporte noblement cette fonction, sachant que, quand tu seras parvenu au port du repos, Dieu t’accordera en retour le plus grand des biens, un salaire inaliénable, parce que tu auras accepté, pour le salut de tous, la tâche la plus lourde.
4 – En conséquence, si de nombreux frères te haïssent pour
ton extrême justice, leur haine ne te causera aucun tort, tandis que l’amour du Dieu juste te sera d’un grand profit.
5 – Efforce-toi donc de bannir un éloge qui serait le fruit de
l’injustice, et de rechercher dans une juste administration
celui, profitable, qui vient du Christ. »

Mon analyse :
L’évêque est valorisé afin que tous lui obéissent. Cependant, les dissensions sont connues, ce qui prouve que le système est défaillant quand on utilise la force en lieu et place de la conviction sincère.

Chapitre 17

1 – Après avoir prononcé ces paroles, et bien d’autres encore, il tourna de nouveau son regard vers la foule, et il dit :
« Vous aussi, mes frères bien-aimés et mes compagnons au service de Dieu, soumettez-vous en tout point à celui qui préside à la vérité, sachant que celui qui l’a contristé n’a pas accueilli le Christ dont la chaire lui a été confiée, et que celui qui n’a pas accueilli le Christ sera considéré comme ayant rejeté le Père, et pour cela sera exclu du bon royaume.
2 – Efforcez-vous donc d’assister à toutes les assemblées, de peur que le découragement de votre chef ne vous fasse, comme déserteurs, accuser de péché.
3 – Songez avant tout à prendre son parti, en ayant conscience que c’est en grande partie à cause de chacun d’entre vous que le Malin le hait et mène la guerre contre lui.
4 – Efforcez-vous donc de demeurer fermes dans votre attachement pour lui et dans la bienveillance les uns envers les autres, et de lui obéir, pour que son fardeau soit allégé et que vous, vous puissiez être sauvés.

Mon analyse :
Pierre est présumé avoir validé la soumission et l’obéissance contrainte. Ces dernières sont contrôlées par l’assiduité et renforcées par la culpabilité individuelle.

Chapitre 18

1 – « Il y a aussi certaines choses que vous devez comprendre de vous-mêmes, parce qu’il ne peut pas parler ouvertement à cause des intrigues ; par exemple, s’il a de l’inimitié pour quelqu’un, n’attendez pas qu’il dise : “ Ne prenez pas parti pour lui ”, mais conformez-vous sagement à sa volonté en témoignant de l’hostilité à ceux qu’il a pour ennemis, et en refusant de fréquenter ceux qu’il ne fréquente pas ;
2 – et cela, pour que chacun, malgré son désir d’avoir l’amitié de tous, gagne son salut en se conciliant son évêque et en prêtant l’oreille à ses paroles.
3 – Or, si quelqu’un reste l’ami de ceux pour qui l’évêque éprouve de l’inimitié, et entre en conversation avec ceux qu’il ne fréquente pas, il devient lui aussi un de ceux qui veulent détruire l’Église,
4 – car s’il est avec vous de corps, il ne l’est pas de cœur, il est contre vous, et bien plus pernicieux que les ennemis qui se manifestent du dehors, parce qu’avec sa feinte amitié, il disperse ceux du dedans. »

Mon analyse :
Oubliée la Bienveillance ! Maintenant, le corps communautaire est appelé à faire siennes les querelles de l’évêque. Donc, si l’Église n’est plus bienveillance, les membres doivent devenir eux aussi malveillants. On s’éloigne à grand pas de l’idéal initial.

Chapitre 19

1 – À ces mots, publiquement et devant tous, il m’imposa les mains et me pria instamment de m’asseoir dans sa chaire.
2 – Dès que j’y fus assis, il me dit :
« Je te le demande, devant tous les frères ici présents : lorsque j’aurai quitté la vie d’ici-bas, comme je le dois, envoie à Jacques le frère du Seigneur un récit abrégé comprenant aussi tes réflexions depuis l’enfance, et expliquant comment tu as fait route avec moi depuis le début jusqu’à maintenant, attentif aux prédications que je faisais de ville en ville ainsi qu’à mes actes ; puis, finalement, n’hésite pas à lui faire connaître l’occasion de ma mort, comme je te l’ai indiqué.
3 – Car cette nouvelle ne l’affligera pas outre mesure, quand il saura que je me suis acquitté pieusement de ce qu’il fallait de toute façon que je subisse ; ce sera pour lui une très grande consolation que d’apprendre qu’après moi, ce n’est pas à un homme inculte, ignorant la doctrine vivifiante, méconnaissant la règle de l’Église, qu’a été confiée la chaire de l’enseignement ;
4 – car un discours trompeur cause la perte des âmes des foules qui y prêtent l’oreille. »

Mon analyse :
Pierre est utilisé pour valider la position de Clément envers Jacques.

Chapitre 20

1 – Quand il eut donné ses consignes, mon seigneur Jacques, je promis de les suivre aussi n’ai-je pas tardé à consigner dans des livres, ainsi qu’il me l’avait demandé, résumés à l’essentiel, la plus grande partie des discours qu’il a tenus de ville en ville, et dont a déjà été faite une première rédaction qu’il t’a fait parvenir, et à te les envoyer, en guise de mémorial, sous ce titre : De Clément, abrégé des prédications de Pierre au cours de ses voyages. Mais je vais commencer mon exposé, comme j’en ai reçu l’ordre.

Mon analyse :
Une fois qu’il pense avoir prouvé la validité de sa position hiérarchique, Clément annonce ses Homélies.